Tuesday, October 21, 2008

actu/livre






Bogart: à certains égards...

Par Roosevelt Boncoeur


Après une heure et demie de route, je suis enfin à Brooklyn. Je cherche maintenant le chemin qui doit me conduire au centre communautaire Bérée, où se tient la vente signature du premier recueil de poèmes de Jeanie Bogart. Quelques égarements par ci par là engloutissent une autre demie heure. Une legère couche d’obscurité commence à étreindre les rues de la ville. Il est six heures vingt. Enfin ! Je retrouve ma voie, guidé par les explications d’un ami que j’avais quelques minutes avant appellé à la rescousse, ma voiture n’étant pas équipé d’un système de GPS.
À l’intérieur du centre Bérée le public est déjà là. (Les amoureux de poesie et amis de la poétesse, tous confondus)
Jocelyne Dorismé que j’avais devancée, retardée elle aussi par les mêmes inconvénients que moi bien qu’elle pocedait apparemment l’un de ces gagets intelligents, dotés de sens de l’orientation, donna le coup d’envoi de la fête, après les mots de bienvenu de Assely Etienne du centre Bérée.
Sur le podium défilent alors, tour à tour, les invités de madame la poétesse. Les heures qui suivent sont à Bogart. À tous égards. Avec raison. « À tout seigneur tout honneur dit le dicton ». Le docteur Frantz-Antoine Leconte parle de la poesie de Jeanie en des termes élogieux. Souligne le caractère profondement humain de la poésie de cette poétesse qui ose par les mots et qui ne mâche pas ses mots. Son collegue Hugues Saint-fort, après une pause musicale offerte à l’assistance par John Steve Brunache aborde dans le même sens. Le docteur Saint-Fort qui centrait son intervention sur la personnalité de l’auteur du receuil « Un jour... Tes pantoufles » évoque les qualités de cette femme qui dit-il ne marchande jamais son amitié…
Puis vient le temps des déclamations. Je tends attentivement l’oreille aux lèvres des diseuses. Elles déclament. J’écoute ! Non… Je découvre. J’apprends. Je déguste les vers de Jeanie. Je suis dans son champ de muse. Avant je n’avais lu que quelques rares de ses poèmes publiés ça et là sur le web. là, j'en ai plein les oreilles...
Il est huit heures vingt minutes. La fête est finie. La nuit étale ses longs tentacules sur les rues de Brooklyn, grouillantes d’activés. L’air est léger. Je dois maintenant reprendre la route pour Connecticut. Je pars. Avec des voix dans la tête. Des voix douces et intelligentes. Des voix qui savent lire les émotions entre les lignes. Des voix qui savent dire la valeur de chaque mot. Des douces voix de femmes. J’ai presque envie de dire des voix de sirènes. Elles s’appellent : Myrcie Villefranche, Francesca André et Michèle Voltaire Marcelin. Dans le sifflement de la brise du soir, je perçois tout bas les derniers échos de leurs voix qui déclament (rien que pour moi) les vers de Jeanie.

Ah ... Jeanie !
Femme de grands mots (maux ?)
Quelle flamme ou quelle magie
As-tu allumée en moi ? Ô que c’était beau !…
















par écrit

Un jour... Tes pantoufles
l'apprentissage du cri ou l
'expérience d
es douleurs?



Les mots ont toujours joué un rôle important dans nos rapports d’êtres doués de bon sens et d’intelligence. Éléments fondamentaux dans la transmission de la pensée et des sentiments humains, l’homo sapiens, utilise les mots depuis la nuit des temps pour dire ses plus simples besoins et ses sentiments les plus profonds. Toujours est il que certains hommes ont bâti avec le temps une relation un peu particulière avec les mots. On les appellent, ces hommes-là : Amoureux des mots, hommes de lettres, sages, poètes etc.

Jeanie Bogart est de la trempe de cette catégorie d’humain. Son premier recueil de poème confirme cette communion presque sacrée qu’elle entretient avec le verbe.
Dans son recueil, Jeanie emploie les mots comme matériaux, tel le peintre, le sculpteur, ou l’artisan utilise les couleurs, l’argile ou le fer pour créer une œuvre d’art de toute beauté. C’est cette œuvre finie, façonnée par les mains de la poétesse que j’ai le plaisir de commenter sous le titre :
Un jour… Tes pantoufles/L’apprentissage du cri ou l’expérience des douleurs ?
Dès l’introduction du recueil, la poétesse avoue entrer dans le monde de l’écriture avec toute son insouciance et sa détermination avec des mots qui parlent d’eux-mêmes. Lorsque les lèvres se serrent. Pas que la poétesse veut crier ses douleurs, ses peurs, ses espérances … de femme à tout bout de champ. Au contraire, elle accouche par pure nécessité. Elle écrit dans son prologue :


« L’écriture pour moi est un besoin naturel. Elle vient dans les moments de pure nécessité»

« Elle reviendra toujours brusque tenaillant
Cette envie de dire ce qui n’est rien…

Elle reviendra toujours cette envie d’aligner les mots
Dans le désordre rien que des mots bizarres… »

Quels autres mots pourraient mieux traduire ce besoin de dire, d’accoucher, de crier ses maux, ses joies, ses passions, ses folies… sinon que ses mots-la ? Ces mots qui mordent. Du moins, ces mots qui laissent leurs morsures sur la main de la poétesse. Qui déshabillent l’écriture, pour dévoiler les ÊTRES. Pour montrer la femme telle qu’elle est : Libre. Candide par moment. Sensuelle. Et follement femme.

« J’assume l’innocente manipulation des mots et des êtres semés un peu partout sur ma vie »
écrit Jeanie.
Des mots pleins de sens, qui comme bien d’autres tortillent sous la main de la poétesse quand la plume n’a rien à cacher mais tout à écrire.

Je suis telle que je suis…

Je vais toujours à contre sens
Entre le dit et l’interdit…

Divisées en clans sur la balance des lendemains
Les étoiles parlent le langage des sans-abri…

Quel peut-être la couleur de nos désirs ... ( ?)

Là où les mots se balancent entre deux folies…

Néanmoins, chaque mot compte. Chaque mot tient une place importante dans cette coulée d’émotion. Chaque mot a un poids unique. Chaque phrase peut susciter des lots de questionnements. Le plus pertinent serait de se demander si tous ces mots qui nettoient, grattent, frottent, lissent, caressent… pour reprendre les propres termes de la poétesse ne sont pas nés de ce que j’appelle: l’apprentissage du cri ou l’expérience des douleurs ?

Comment ne pas interroger ces vers :
j’aurais voulu enlacer l’horizon jusqu'à l’étrangler. Faire éclater mon avenir anémié.
Comment ne pas s’extasier quand Jeanie écrit :
« J’ai mangé mon silence »
Ou quand elle dit : « si tu bois la vie à petites cuillerées, si tu lèches le bonheur à grands coups de langue assure-toi que tout ce que tu bois, manges, lèches n’est autre qu’un homme.

La poésie de Jeanie charme. C’est le moins que l’on puisse dire. Et cette escapade dans l’art poétique délicieusement mûr de cette femme me laisse la sensation que même avec la force extraordinaire qu’on reconnaît aux mots, il est souvent péniblement dificile de tout exprimer par les mots. Dans ces circonstances-là, sans nul doute qu’un cri suffirait…


Roosevelt Boncoeur
Connecticut le 20 octobre 2008

texto/ la poésie des ex-îlés

silence


Poignant silence !
Je t’aime malgré toi
Malgré moi
Je t’aime jusqu'à croire
Que nous pèseront lourd
Le poid de l’eloignement
De nos atttentes patentées

Déchirant silence !
Nous sommes six millions d’habitants
Et un soleil miroitant nos mensonges.
La vie s’en ira comme à l’ordinaire
À sens unique
Piétinant notre candide perversité
Le temps revêt la couleur poupe
De nos désirs fous

ton sexe s'en ira un jour
Emportant mes entrailles
Ce jour-là
J’aurai perdu l’espoir


Jeanie Bogart

Un jour... Tes pantoufles/ éditions paroles, Montréal © septembre 2008



dans l'actualité

Journée du livre haitien
une tradition depuis neuf ans
à Stamford Connecticut
La 9e édition de la journée du livre haïtien (l’unique manifestation du genre dans l’État du Connecticut) s’est tenue le 10 octobre dernier à Stamford CT dans les locaux de la « Fergusson librairy’s south end branch » avec cette année comme invités de choix Frantz “Kiki’Wainwright, Jeanie Bogart, Dr. Frantz-Antoine Leconte; Mimi Gabriel et André Fouad…
Dans le cadre de cette activité, plusieurs conférences /débats ont été prononces. Les termes de la négritude et de l’infidélité ont été respectivement abordés par le docteur Frantz-Antoine Leconte et la romancière Mimi Gabriel. Quant aux champs de la poésie, ils ont été explorés par Les poètes Jeanie Bogart et André Fouad. Une occasion d’échange et de partage entre le panel des invités et les participants. Qui ont profité pour se procurer quelques-uns des titres de choix, d’auteurs haïtiens proposés en la circonstance par Haitianbook Centre.
En dépit d’une faible participation des membres de la communauté haïtienne du Connecticut, la 9eme journée du livre haïtien s’est déroulée dans une atmosphère très cordiale.

Rappelons que la journée du livre haïtien est une initiative de la Haitian-American Professionals Association of Connecticut, Inc. (HAPAC)

Saturday, September 20, 2008

l'édito



Encore un édito de plus. Encore le même plaisir, à chaque fois qu’il faut dire nos rêves, nos désirs, nos manquements et nos espérances. La littérature, la musique, la sculpture… l’art en général n’est que l’expression des plus profondes sensations qui bouillonnent en nous. À ce propos, nous voulons profiter de cette occasion pour exprimer nos sympathies aux familles des victimes des quatre cyclones qui ont ravagés Haïti.
Une pensée spéciale à ceux d’ici ou de là-bas qui ont perdu un proche. Allez ! courage…
Autant qu’il y aura la vie, autant qu’on en aura besoin de ces mots-là et de bien d’autres encore.

Roosevelt Boncoeur


dans l'actualité

« Absolument Livre » pour susciter l'intérêt de lire!«Absolument Livre», une émission littéraire, visant à initier de nouveaux lecteurs, sera bientôt diffusée sur la Télévision nationale d'Haïti. Cette initiative de la Direction nationale du livre (DNL) s'inscrit dans le cadre de leur politique de sensibilisation en vue de s'organiser de manière à inscrire le livre dans le vécu des jeunes, en créant des espaces médiatiques consacrés essentiellement à des débats sur les livres haïtiens. Une activité d'exploitation qui s'avère une ressource incontournable à l'épanouissement de la jeunesse.


Cette émission bihebdomadaire, qui sera animée par Pierre Richard Jean-Pierre, professeur en philosophie et Fortetson Lokandya Fénélon, communicologue/poète, relève d'un projet de la Direction nationale du livre (DNL) de concert avec la Télévision nationale d'Haïti et le ministère de la Culture et de la Communication, pour offrir aux jeunes l'opportunité de découvrir certains auteurs haïtiens et des programmes littéraires devant les aider à l'initiation de la lecture personnalisée. «Absolument livre», un procédé pour encourager les téléspectateurs à lire davantage, bien que la lecture demeure un loisir éducatif important, cela n'empêche qu'elle soit en compétition avec plusieurs d'autres véritablement moins exigeants. Le projet «Absolument livre» initié par le service de la Direction nationale du livre est un outil intéressant. Parce qu'il faut encourager la lecture et assurer la promotion des oeuvres littéraires par des actions diverses et multiformes. Evidemment une émission bi-hebdo ne peut pas tout résoudre. Mais c'est un début. Il importe que des acteurs du secteur littéraires soient engagés et se tenir les coudes, afin de jouer le rôle qui leur incombe.Une émission suffisamment riche, selon le projet, c'est une occasion de familiariser la communauté haïtienne avec le livre, d'augmenter le nombre de lecteurs au sein de la population et d'habituer les gens à l'existence de la DNL et de sa mission. Vu qu'il est indispensable de communiquer aux autres le travail de certains auteurs haïtiens et de promouvoir la publication de leurs oeuvres. Comment encourager la lecture en pareil contexte ? Comment éviter les abandons ? Pour l'émission « Absolument livre », la réponse est simple: démystifier le milieu littéraire dans le but de soutenir la persévérance de lire, tout en offrant différentes alternatives de lecture à travers l'émission qui se propose de valoriser notre littérature.Diverses actions et communications seront menées par la DNL auprès des jeunes pour faire la promotion des livres. Une collaboration a déjà été entreprise en ce sens au début de l'année avec «Radio Vision 2000, dans Cercle du livre». Il y aura aussi des rencontres avec des personnes-ressources (auteurs-lecteurs), d'où l'importance de l'émission « Absolument livre », qui débutera dans les prochains jours, dont les principaux objectifs sont de sensibiliser massivement la grande population à l'importance du livre et rendre hommage aux auteurs et aux consciencieux du secteur.
Angie Marie Beeline Joseph

par écrit

La chasse à l’éditeur ou les hasards de l’édition
Kettly Mars, écrivain

Le thème proposé par la SGDL, «Le choix d’un éditeur» m’a fait sourire. Dans ma tête, la notion de choix implique opportunités, options, disponibilités. Dans mon expérience – et je peux parler au nom de la majorité des écrivains haïtiens vivant en Haïti –, le thème serait de loin plus réaliste s’il s’intitulait plutôt «La chasse à l’éditeur» ou encore «Les hasards de l’édition».
Je vais illustrer mon propos par une anecdote racontée par mon collègue et ami l’écrivain Gary Victor, originaire de Port-au-Prince comme moi. Gary fait le métier d’écriture depuis bien plus longtemps que moi mais notre parcours est à peu près similaire et nous sommes édités actuellement par la même maison. Il y a quelques années, en Guyane où il participait à une rencontre littéraire, une petite fille de 8ans s’ennuyait dans la salle, et lui aussi probablement. Ils ont lié connaissance, Gary lui a sûrement raconté l’une de ces merveilleuses et effrayantes histoires pour enfants dont il a le secret. Tout heureuse de sa nouvelle connaissance, la petite fille lui a pris la main pour le présenter à sa mère. Et sa mère était… l’éditrice. C’est ainsi qu’a débuté leur collaboration qui porte des fruits. Je constate de plus en plus, surtout après ce séjour en France que, malheureusement, talent mis à part, être édité c’est surtout avoir des relations, entretenir des connaissances, donner dans la débrouillardise. Et pour ceux qui n’ont pas ce tempérament ou des antennes opportunistes, les chances sont minces de «sortir». Une difficile et frustrante réalité.
Il me semble aussi qu’on n’est pas reconnu écrivain, que l’on n’existe pas tant qu’on n’est pas édité dans certains milieux ou dans certaines métropoles françaises. J’apprécie l’opportunité de participer à ce festival francophone où vraiment je m’enrichis de tous ces contacts, de toutes ces rencontres, des expériences partagées. L’un des critères de sélection des écrivains invités était d’avoir été publié en France. Je regrette ces contraintes qui entravent l’élan d’un écrivain. Si je n’avais pas eu la chance (le privilège ?) d’être éditée en France j’aurais raté cette opportunité et ce serait vraiment dommage pour mon pays, car à travers moi c’est la culture, l’histoire, la voix de mon pays qui sont portées en avant. J’ai une occasion précieuse de faire voir autre chose, d’apprendre aux autres des aspects de ma réalité bien différents que les images souvent négatives qu’ils reçoivent des médias.
J’ai publié cinq ouvrages en Haïti à compte d’auteur. Pourquoi ? D’abord, il n’y a que deux ou trois maisons d’édition en Haïti. En fait de maisons d’éditions, ce ne sont surtout que de grandes imprimeries spécialisées dans la publication des livres scolaires. Il arrive parfois qu’elles éditent un ouvrage de fiction, mais c’est sur recommandation, ou pour s’aménager un retour d’ascenseur. Même dans ces cas, il n’y a pas de travail éditorial qui est fait. L’auteur doit vraiment présenter un manuscrit prêt à aller sous presse. Il décide de sa couverture, du format du livre, de ses couleurs, de sa police d’impression. C’est un travail qui est fait de A à Z par l’auteur qui, faute de moyens, s’improvise graphiste et très souvent doit avancer la majeure partie des frais de publication ! Voilà à quoi se résume l’édition en Haïti. 98 %, des écrivains s’auto-éditent.

J’ai fait cette expérience une première fois en me disant que je chercherais ailleurs entre-temps. Je me suis évertuée à trouver des adresses, des informations sur Internet pour expédier des manuscrits en France. Les frais postaux considérables. L’attente. Rien. C’est encore Gary Victor qui a glissé mon nom à son éditeur parce qu’il apprécie mon travail et voulait que je profite de cette diffusion que nous recherchons tous vers les pays francophones. Cet éditeur a eu le mérite de se déplacer en Haïti, de venir à la rencontre du lectorat haïtien, accompagné de son auteur qui sortait un nouveau titre. C’est à cette occasion que je l’ai rencontré, que je lui ai donné un manuscrit et ça a marché tout de suite.
Actuellement, en Haïti, nous sommes environ une dizaine d’écrivains édités à l’étranger, et particulièrement en France, et parmi ces huit écrivains, nous sommes trois femmes. On a tendance à considérer avec envie ceux qui ont franchi cette barrière, comme des rescapés, des privilégiés. Nous avons pu grimper le mât suiffé, c’est un exploit, une prouesse qui tourne la tête à certains et qui les rend désagréables, parce qu’ils perdent la mesure des choses, oubliant finalement l’objectif principal qui est la poursuite de la beauté, l’amitié, la chaleur et tout ce qui passe à travers l’écriture.
L’expérience de Samuel Millogo répond à un besoin. Beaucoup d’auteurs publient à perte mais ils le font quand même parce qu’ils ont besoin du nom d’une maison d’édition dans leur CV, pour leur donner accès à d’autres tremplins, à d’autres étapes. Mon expérience avec un éditeur, la première, est positive. Plus qu’une relation commerciale avec un éditeur, je désire surtout avoir une relation humaine, car je lui confie quelque chose de très précieux, et ça me rassure de voir que cette personne valorise cet objet précieux. Elle veut me connaître, comprendre mes motivations pour créer et pouvoir me conseiller aussi. Et puis il y a tous les aspects techniques et de promotion qui sont pris en charge et soulagent l’écrivain d’un poids très lourd.
Pour ce qui est des «collections» chez certains éditeurs, au prime abord cette idée me dérange. Je dois le dire honnêtement. Mais en voyant le travail d’un éditeur comme Bernard Magnier chez Actes Sud, par exemple, j’y suis moins hostile. Je comprends cet aspect de canalisation qui devrait me faciliter, par exemple, la découverte d’auteurs africains éparpillés dans des langues et régions de ce continent immense. Mais, a priori, réflexe d’ancien colonisé, je vois ça comme une sorte de négrier culturel. On est tous sur le même bateau, les anciens esclaves, enchaînés par cette langue française (spontanée ou traduite), héritage qui nous délivre et nous maintient en même temps dans une mémoire indélébile. Mais c’est nos problèmes, ce n’est peut-être pas votre intention, mais c’est comme ça qu’on le perçoit, qu’on le reçoit.

L’écrivain dans l’espace francophone
Forum organisé par la Société des Gens de Lettres
les lundi 27 et mardi 28 mars 2006 à l'Hôtel de Massa.
LES DOSSIERS DE LA SOCIÉTÉ DES GENS DE LETTRES – L’écrivain dans l’espace francophone


il a écrit

Souvent, il arrive que le souvenir se transforme en rêve ou vice-versa, si bien qu’on ne sait plus très bien distinguer l’un de l’autre.

Stanley Péan
Le tumulte de mon sang/ page 31, les éditions la courte échelle, Montréal 2001

texto/ la poésie des ex-ilés



"Le temps menace la ville
d’un canon de rides

Tu m’écris que les arbres
étranglent les oiseaux
et que la mort fait mouche
sans jeu de mots
le bilinguisme entre les cuisses

Je ne sais plus si dehors
ma passion atterrit en catastrophe
ou si…
trois points suspensifs
La lumière s’est changée en cris
le vent blessé est introuvable

J’ai pris tous les risques
sans drapeau blanc
jusqu’à la cime des mots

Ville absolue dans l’éphémère
ville abrutie dans le mal vivre du poème
ville pour l’anecdotique vie
sans importance
sans porte de secours

sans porte de sortie
vie portée à vue
par la mersous poids de barbelés.


"Georges Castera, Les cinq lettres, Natal, Port-au-Prince 1992.Georges Castera (fils) est né le 27 décembre 1936 à Port-au-Prince (Haïti).

Agenda

La poetesse Jeanie Bogart signe son premier recueil de poemes: "Un jour... tes pantoufles"
le Dimanche 5 octobre, 5heures pm
Au 1713 Ralph Ave Centre Communautaire Bérée (Salle Pavillon des Jeunes
angle Glenwood road/East 76 Brooklyn, NY (Bus6, 47)
Avec la participation de
John Steve Brunache et Jocelyne Dorismé
Le programme comportera également un récital de poèmes et une vente-signature
"Un Jour…Tes Pantoufle" une célébration de la femme par la poésie
Rien de mieux pour chasser les vagues à l’âme et enrober le coeur
Contacts
(718) 329-6822
(516) 352-1065
jeaniebogart@yahoo.com

Tuesday, August 12, 2008

Ils ont écrit

"Le vent contera nos romances à la feuille du citronnier et la feuille essaimera le pollen du dire des fous"

GARY AUGYATIN
Gary Augustin, est passionné de littérature et de peinture. cette citation est tirée de son premier recueil de poèmes "Gironde du jour" Page 20, édition mémoire 1994

Dans l'actualité


Dany Laferrière: Le maître du jeu.

Scénariste, intellectuel et écrivain du continent américain, Dany Laferrière confirme son talent pour les titres forts avec son nouveau roman, Je suis un écrivain japonais. De passage à Québec lors du dernier Salon du livre, celui à qui on consacrera bientôt un documentaire a rencontré le libraire. Discussion autour d’un roman qui s’interroge sur l’identité, la littérature et le concept même de livre.

Vingt ans après la parution de son premier roman au titre accrocheur, Comment faire l’amour avec un nègre sans se fatiguer, et une quinzaine de bouquins plus tard, Dany Laferrière nous revient avec une fiction qui n’en est pas une sur un livre qui ne s’écrira pas. Le récit de Je suis un écrivain japonais semble d’abord très simple. Un écrivain noir vivant à Montréal promet à son éditeur un nouveau roman dont le titre sera: «Je suis un écrivain japonais.» Tout le livre s’articule autour de l’écriture de ce roman qui ne se fera finalement jamais. Entre-temps, l’écrivain prend des bains, lit Basho (créateur du haïku), s’amourache de jeunes Japonaises et doit faire face à une popularité grandissante au pays du Soleil levant. Derrière cette apparente simplicité se cache un livre très construit, presque cartésien, dont le titre sonne comme une provocation.Avec ce titre, Dany Laferrière s’interroge sur la notion même d’identité. Il rejette celles qui sont convenues et ô combien sécurisantes. Il revendique le droit à l’identité qui nous convient. Où sommes-nous nés? Où vivons-nous? Voilà de fausses questions donnant lieu à de nombreux malentendus. Pour l’homme de lettres, «le vrai pays de l’écrivain, c’est la bibliothèque. Si on veut connaître un écrivain, on devrait visiter sa bibliothèque». A défaut de bibliothèque, consultons les références littéraires de ce Japonais fantasque qui convoque allègrement Basho, Mishima et Tanizaki. Ici, l’auteur assume ses origines nippones, des origines métissées d’Amérique à saveur de migration, car l’écrivain, désormais japonais, se réclame aussi du mouvement (dans le sens du déplacement, du voyage) puisque seront également convoqués Kerouac et Miron. Mais est-ce Laferrière qui se dit japonais ou son héros? Car l’identité de ce dernier n’est jamais clairement établie; le flou identitaire s’installe dès le début. Bref, notre héros, qu’on ne nomme jamais, lit beaucoup. Il fait d’ailleurs l’éloge de la lecture. Il évoque le profond plaisir de lire, les voyages que procure la lecture: «Je n’étais jamais rassasié. Je rêvais qu’un jour, j’entrerais dans un livre pour ne plus jamais revenir. C’est ce qui m’est enfin arrivé avec Basho.»L’ivresse des livresNous voilà donc entraînés dans l’univers de Basho par l’entremise du héros qui, lui, est un lecteur assidu du maître japonais. Rien ne semble vouloir distraire notre héros de son occupation première, la lecture: «Il m’arrive de parler à quelqu’un au téléphone tout en continuant ma lecture — pas toujours… Sauf que je l’ai fait une fois, par hasard, et j’ai trouvé que chacune des deux occupations nourrissait l’autre.» Est-il possible de s’immiscer dans la lecture de quelqu’un d’autre? Laferrière semble penser que oui:«À mon avis de lecteur moyen, je n’ai jamais vu un livre avec un lecteur dedans. J’ai déjà vu des livres où le narrateur se dit lecteur; qu’il est en train de lire des livres, qu’il regarde des livres, mais dès qu’il ouvre le livre, c’est terminé.» Lire dans le livre: voilà l’un des défis que s’est lancés Laferrière avec Je suis un écrivain japonais. L’illusion est presque parfaite puisqu’à la fin du récit, on ne sait plus si le héros a vraiment vécu ces aventures, s’il les a simplement imaginées ou s’il les a tout bonnement lues dans son bain, et nous avec lui. Sous des dehors ludiques, le dernier livre de Laferrière prend des allures de casse-tête, voire de testament poétique. L’écrivain revendique entre autres le droit du lecteur à la reconnaissance: «Le lecteur a une importance capitale dans le livre. Ce qui est embêtant, c’est que le lecteur a pris l’habitude de ne pas trop s’accorder d’importance. Le lecteur lui-même a pris l’habitude de croire qu’il était un écrivain raté… Il faut redonner sa dignité au lecteur; il est vraiment la moitié de l’affaire.» Laferrière n’en démord pas, le roman est véritablement un phénomène de «création conjointe», ce qui l’amène même à dire: «Je prends la nationalité de mon lecteur… C’est un hommage au lecteur. C’est lui qui explique, conçoit, donne tout son sens à un roman. En fait, il cherche chez l’autre ce qu’il est lui. L’écrivain, pour sa part, n’est que le feu d’allumage.»Au-delà des motsEn s’enfonçant plus profondément dans les dédales du récit, on réalise que l’histoire de cet écrivain qui n’écrit pas est un piège joyeusement tendu par l’auteur. En fait, le sens de Je suis un écrivain japonais réside peut-être dans ce chapitre où l’attaché culturel du Japon, monsieur Tanizaki, vient dire au revoir au héros avant de retourner au pays du Soleil levant.«Je rentre au pays. Je vais pouvoir reprendre mon travail dans le vieux lycée où j’enseignais la poésie. […] Oh, une importante maison d’édition m’a demandé de faire la préface de votre livre. Je vais prendre quelques jours avant de m’y mettre. Je tenais à vous dire que ce fut un honneur pour moi de vous côtoyer. Votre livre a changé ma vie.— Mais je n’ai pas écrit de livre…— Vous avez fait mieux, murmure-t-il l’air ému.»«L’idée du livre vaut-elle le livre?», s’interroge Laferrière. On dépasse ici le concept même de livre. L’auteur a été tenté par ce pari insensé: dépasser l’objet-livre grâce à la seule force de l’idée. Comme si la force même du titre avait réussi à transcender le livre lui-même. Notre héros, écrivain de son état, va semer la confusion au Japon et entraîner changements et revendications, et ce, grâce au titre d’un roman qu’il n’a pas écrit. La boucle est bouclée, on revient à la puissance du titre, à sa force évocatrice; Je suis un écrivain japonais, tout est là.Le lecteur avide de distraction sera peut-être lassé par le flou savamment orchestré qui émane de la structure du livre. Qui est qui? Fiction ou réalité? Lisons-nous un livre dans le livre et surtout, que lisons-nous? Voilà les questions qui nous viennent à l’esprit au moment d’entamer sans méfiance ce roman. En revanche, le lecteur attentif y découvrira un modèle d’architecture littéraire. Tout y est pensé, réfléchi, l’écrivain devenant ainsi le maître du jeu: «J’ai voulu écrire un livre où, à la fin, le lecteur a l’impression qu’il n’a pas tout compris car il s’est fait abuser par la simplicité du ton, surtout au début, et il a laissé aller son esprit critique.» Nous voici donc abusés, bernés et heureux de l’être. Je suis un écrivain japonais est plus qu’un simple roman, plus qu’un art poétique, c’est presque un tour de force.


Par Anne-Josée Cameron

texto/ la poésie des ex-îlés

M ap ekri yon liv an kreyòl
M ap ekri pou ou
Pou tout moun ou te renmen
M a voye l Lamatinik
M a voye l La gwadloup
Voye l Lagiyàn
Voye l Lil Moris pou yo li l
M a voye l Lalwizyàn tou
M a li l nan radya pou tout moun tande
M ap ekri yon liv nan lang pa m
Mesye a yo mèt ri
M konn sa m ap fè
M gen 2 ou 3 bagay pou m di
M gen yon koze pou m koze Ak moun pa m

Kristyan Bolye o » (« Ô Christian Beaulieu ») est un poème extrait du premier recueil de Félix Morisseau-Leroy, Diacoute I (1953).
Notes: Nous publions ce texte pour rendre homage a Felix Morisseau Leroy, a l'occasion du dixieme anniversaire de sa mort.

Distans

Map mache pye atè

toutouni nan riyèl kè w

tout santye

mennen m yon sèl kote

de pla men w

se la m jwenn

solèy leve msere liben m

pale pale

mache bouske pi devan

sa demen sere pou nouse mistè

mwa d desanmgen yon fredi k antre

jouk nan sèvo m

tonton nwèl bliye m

m lonje menm tout longè

eseye fè l janbe fwontyèwè

si pwent dwèt nou

te ka touche

pase kouranfè

san n mache

mwen voye kè m ba ou

ou voye pa w ban mwen

yo ret kwoke nan wout

fredi lamerik dinò

fè yo tounen glas

yon vè wonm

jan m renmen l layon ti kout fil

nan mitan lanwit

de twa ti mo

ki fè m frèt fè m cho

ki reveye dènye sans mwen

pasyon mwen

anvi mwen

rèv mwen

sansasyon mwen

panse malelve mwen

yon distans lan mitan nou

kè nou kondane

lanmou fè jeretyen

Jeanie Bogart

Poetesse et diseuse, Jeanie Bogart est l'un des lauréats de la 1ère édition du Concours de Poésie en Langue Créole de la Caraïbe Prix Gilbert Gratiant organisée par l'association KALBAS LÒ LAKARAYIB (KL2).

Gade’w


Chak fwa mwen we’w
Yon bagay
Di’m gade’w

Alò, mwen tonbe gade’w
Kòm si se premye fwa
Mwen we’w

Mwen gade’w
Ak tandrès
Mwen gade’w
Ak apeti

A fòs mwen gade’w
Yon bagay di’m touche’w
Se domag ke men’m
Pi kout ke je’m

Roosevelt Boncoeur

Texte inédit (Aout 2008) tous drois réservés


l'édito

Ayibobo pour notre créole...
Au moment où je me préparais la semaine dernière, à écrire les premières lignes de notre éditorial, un évènement exceptionnel s’est passé à New York. Cela m’a contraint de repenser mon projet d’édito. Aujourd’hui, il n’y a aucun doute dans tête que j’avais pris la bonne décision. Car, ce petit décalage dans la publication de notre « revue-blog » m’a offert la possibilité de mettre en exergue une information de première importance.

La nouvelle est tombée il y a deux semaines, le créole est désormais officialisé dans la ville de New York et devient langue officielle de communication dans les bureaux publics. Cette décision a été prise suite à un décret signé par le maire de la « Big Apple », Michael Bloomberg, le mercredi 23 juillet, demandant aux agences de la ville de fournir des services dans les six langues les plus utilisées en dehors de l'anglais.Avec ce décret, la ville de New York a officiellement reconnu qu'elle était polyglotte. Et, en ce sens, les agences municipales sont obligées de se doter d'au moins un employé coordonnateur compétent de manière à servir les créolophones à coté des cinq autres langues les plus utilisées de la ville (hors anglais) : le russe, le coréen, le chinois, l'espagnol et l'italien. « Chaque agence municipale devra désigner d'ici 45 jours son coordonnateur pour les langues, qui devra mettre en oeuvre un plan permettant à tous les services de l'agence d'être disponibles dans les six langues concernées. Les formulaires, les documents officiels, les brochures d'information, ou des rapports d'inspection seront traduits. D'ici le 1er janvier 2009, les agences municipales devront être prêtes à servir les New Yorkais qui ne parlent pas anglais », a informé M. Bloomberg.

Maintenant, c’est à nous haïtiens, (ex-îlés) de cesser de nous vilipender. De cesser de rabaisser notre langue maternelle au plus bas niveau. Nous avons de préférence le devoir de valoriser cet héritage commun qui nous caractérise et qui définit notre identité de peuple.

Se kreol nou ye !...
Ayibobo pou lang nou !...

Friday, July 25, 2008

Ils ont écrit

« Nous sommes quelques-uns, lancés aux quatre coins de l’île, pour épingler des syllabes neuves aux jours qui passent et inventer des cités où nous rêverions d’être immortels. »

Yanick LAHENS


notes : Yanick LAHENS est nouvelliste et romanciere. cette citation est tirée de la petite corruption, page 27(nouvelle : Lettre des Cayes) éditions mémoire d’encrier Montréal 2003

Dans l'actualité




Orcel : construire et voguer. Dans les écrits de Makenzy Orcel, né à Port-au-Prince en 1982, les figures de style se raréfient, sinon n'y ont guère leur place. Pour le dépouillement, pour le silence inintelligible du texte, peut-être. Il s'offre l'insolite, l'ailleurs, les lèvres de Line...


« La douleur de l'étreinte », le premier recueil de poèmes de Makenzy Orcel, à en témoigner par son titre, donne au lecteur équipé de son ballot de préjugés, tant s'en faut, une forte impression de « déjà-lu ». En l'occurrence, l'élan d'un homme vers une femme, de l'un vers l'autre, ou l'inverse. Et d'emblée, il opterait pour l'une ou l'autre attitude : déchirer la plaquette avant de la brûler ou s'en approprier pour la lire avec délectation.Ici, seulement la deuxième attitude est de mise. Car, au-delà de l'étiquette du « produit », le lecteur décèle, tour à tour, un beau travail de création au niveau de la langue, les affres d'un amour qui donne plus qu'il ne prend, sans pathos. Ce, dans une absence de « titrage » des strophes jetées en vrac sur la page blanche, ce qui enlèverait les effets de surprise de l'ensemble du texte. Cette porte est ouverte et point fermée. Et, il y a cette solitude qui vous arrive en coup de poing ou en bolée de fraîcheur. Celle du poète qui, du bout de sa plume, fait surgir un univers à la fois intimiste et minimaliste. Pour se construire, en allant vers l'autre, pas en le traversant, de loin en loin.Makenzy Orcel s'arme de totems, d'images hors du commun qui, pourtant, s'inscrivent dans une certaine mémoire poétique pour croiser le fer avec ses démons. Et, « par la névrose de la parure... » (p.9), il s'offre l'insolite, l'ailleurs : « la mer m'invite/ à ses voyages bleus/ en criblant d'étoiles/ les lèvres de Line» (p.9), puisque « Ce n'est pas la faute à personne/ si nos rêves sont plus courts/ que nos bras ». (p.31)Dans les écrits de Makenzy Orcel, né à Port-au-Prince en 1982, les figures de style se raréfient, sinon n'y ont guère leur place. Pour le dépouillement, pour le silence inintelligible du texte, peut-être. Ou simplement parce que, dans un corps à corps aussi sanglant et irréfléchi, le poète ne songe pas aux chichis du langage, ne fait pas dans ce qui dégouline de sentiments bons et pieux. Ou encore parce que, aussi, il s'agit de « partouze et jazz/ ivre beauté/ dont les couleurs saignent/jusque dans leur inaccessibilité ». (p.14) Ici, la bien-aimée en question, dirait-on, est toutes les femmes, une femme générale, tentaculaire sur le papier du poète qui s'émiette dans le même mouvement. Par repli sur soi, dans une urgence de trêve, la sienne et celle d'un verbe sec et nu. Là, le surréel, arbitraire, se met en marche pour montrer que « ..., toutes les fenêtres/en cours de route/sont des yeux de femme... » (p.20). Car, de toute façon, « la déchéance s'écrit/ comme une caresse posthume/un sexe/ pour déprendre le réel » (p.27)Insulaire, le poète ne va pas chercher loin, reste entre terre et eau, dans une ville où, évoquant le célèbre artiste-peintre Tiga, il dit qu' « il y aura toujours un dernier soleil/dans la futaie des graffitis » (p.58). Ainsi, il n'utilise rien que des mots qui vivent dans les rues « défenestrées » et dans la mer où « tous les énigmes allument leur coquillage » (p.13), et « partout où la chute/ asperge le chant/la soif aspire le naufrage » (p.15). Un phrasé fractionné, tombé, ramassé, « nos pas dans/ nos bras » (p.31). Une facture poétique qui tient de l'onirisme, du grand large, et qui met en écho les délires de l'homme annulé. Une esthétique du bleu (de la mer) et du rouge (du sang).
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« La douleur de l'étreinte », Makenzy Orcel, 58 pages, Imprimerie Henri Deschamps
Marvin Victor
(source le nouvelliste, edition en ligne du 21 juillet)

texto/ la poésie des ex-îlés


Réminiscences


Je fais la bise
Aux temps des vertiges
Bleus
Aux temps des mythes
Colorés
D’arcs-en-ciel
Et de teintures
D’ombres
Je fais la grimace
Aux temps fugaces
Qui entreposent
Dans la profondeur
De nos âmes
Les débris
De nos rêves
Avortés
Je fais des yeux doux
À ces temps Lointains
Où des couples
D’étoiles myopes

et éclopées
Me conjuraient d’assister

À leurs noces d’exil


Roosevelt Boncoeur
TOUS DROITS RESERVES (JUILLET 2008)



Lanmou marel



Lanmou'm pou ou se tankou
jwèt mare'l
Se pou'm di'w byen cheri
Delikates jwet mare'l sa
Pa lot bagay ke------------
Piye
Sote
Ponpe
Voye
Mwen piye sou 1-----------
Mwen sote'l pou'm tonbe sou 2
Pwent pye'm ak talon pye'm
Se prensipal zouti pou'm jwe
Men'm se pou'm voye pyon
Jiskaske ke'm rive nan tèt syel ou.

Guana Darbouze

TOUS DROITS RESERVES (JUILLET 2008)


la poésie des ex-îlés au pluriel dans cet espace. Si vous correspondez à ce descriptif, envoyez-nous vos textes par e-mail à l’adresse suivante : rooseveltboncoeur@yahoo.com et nous nous ferions un plaisir de les publier en ligne. Au plaisir de vous lire.

Rubrique/j'ai lu


Ce « petit » livre de 120 pages dont l’écriture vacille entre poésie et narration m’a vraiment charmé…
J’imagine que tous ceux qui ont eu la chance de parcourir ce petit bijou en sont sortis aussi épaté que moi. Et pour ceux-là qui n’ont pas encore lu « le testament des solitudes, je vous encourage à le faire au plus vite » en attendant, laissez moi vous faire un résumé de ma propre lecture. Mais, comment vous résumer « Le testament des solitudes » ?
…Parole de femme pour qui l’espoir et le bonheur sont des terres inhabitées. Voila ! C’est ça. Bien entendu, j’ai pensé à mille autres tours de phrases pour éviter de parodier l’éditeur d’Emmelie (en l’occurrence Rodney Saint Éloi de Mémoire d’encrier) cependant, l’humble lecteur que je suis s’est résigné à emprunter les termes de monsieur Saint Éloi, pour vous dresser une vue d’ensemble de cet petit chef-œuvre d’Emmelie Prophète.
Dans ce livre (où j’ai eu d’ailleurs du mal à délimiter les frontières entre les caractéristiques narratives du texte des lignes poétiques, tant elles sont si proches), la souffrance, la solitude, l’errance sont le lot commun de trois femmes. Trois âmes (liées), perdues dans des terres inconnues, parties sans mots d’amour usuels, sans avoir sauvé aucune apparence. Comme l’écrit l’auteure elle-même.

Durant ma lecture, j’ai changé d’opinion en plusieurs occasions, considérant le texte comme un long poème(en prose), me ravisant presque à brûle-pourpoint en trouvant à l’œuvre toute la trame d’un texte narratif.
Bref ! Tout bien considéré, « Le testament des solitudes » est un vrai travail de pro réussi par Emmelie Prophète. Une de plus à prouver que la valeur (d’un créateur) n’attend point le nombre des années.
Un livre que tout lecteur avisé doit absolument posséder dans sa bibliothèque.

Chapeau ! Mrs Prophète…

l'édito

Sak pase ?...
Quoi de neuf ? (En français) Whats up ? (En anglais)


Il y a des gens qui passent beaucoup de temps à s’ennuyer. Leur travail les ennuie. Leur vie privée les ennuie. Les films à la télé les ennuient. Les informations. Les livres. Les blagues les plus folles. Les belles surprises. Même les gens les ennuient. Bref, tout les ennuie. Alors, ils passent leur temps à se plaindre, à se lamenter sur leur sort. À traîner leur mal-être d’un point à un autre. Pour eux, bouger c’est faire bouger les choses. Erreur !... disons nous. Bouger ne veut pas nécéssairement dire faire avancer les choses.
Notre propos est plus que juste. Il existe partout dans le monde et particulièrement dans les « states » des gens qui tournent en rond, qui tournent à vide sans faire bouger quoi que ce soit. Des champions de
L’adaptation, trop fidèles à la monotonie d’une vie qui n’est autre qu’un commerce de peau : $ 8,50 pour certain, 9 pour d’autre. Et voila c’est ça la vie pour ces gens-là. C’est dramatique. Je me fais peut-être des illusions mais, franchement pour moi la vie (d’un ex-îlés) ne peut pas être que ça. Et je sais que tous mes collaborateurs partagent mon avis. Et vous aussi très chers lecteurs avides de nouveautés, tellement remplis d’inspirations et de projets et pleins d’énergie pour les faire avancer.
Pour nous, la vraie vie c’est une vie ou l’on s’enthousiasme pour des choses. Pour des projets. Au point d’y mettre de l’énergie pour les réaliser même quand certains piétinent, même si des fois il faut tout éffacer pour recommencer. La vie c’est de se laisser porter par le souffle de cette force géniale qu’est la passion. Et si ce n’est pas ça, qu’on me prouve le contraire !...
Roosevelt Boncoeur