Friday, July 25, 2008

Ils ont écrit

« Nous sommes quelques-uns, lancés aux quatre coins de l’île, pour épingler des syllabes neuves aux jours qui passent et inventer des cités où nous rêverions d’être immortels. »

Yanick LAHENS


notes : Yanick LAHENS est nouvelliste et romanciere. cette citation est tirée de la petite corruption, page 27(nouvelle : Lettre des Cayes) éditions mémoire d’encrier Montréal 2003

Dans l'actualité




Orcel : construire et voguer. Dans les écrits de Makenzy Orcel, né à Port-au-Prince en 1982, les figures de style se raréfient, sinon n'y ont guère leur place. Pour le dépouillement, pour le silence inintelligible du texte, peut-être. Il s'offre l'insolite, l'ailleurs, les lèvres de Line...


« La douleur de l'étreinte », le premier recueil de poèmes de Makenzy Orcel, à en témoigner par son titre, donne au lecteur équipé de son ballot de préjugés, tant s'en faut, une forte impression de « déjà-lu ». En l'occurrence, l'élan d'un homme vers une femme, de l'un vers l'autre, ou l'inverse. Et d'emblée, il opterait pour l'une ou l'autre attitude : déchirer la plaquette avant de la brûler ou s'en approprier pour la lire avec délectation.Ici, seulement la deuxième attitude est de mise. Car, au-delà de l'étiquette du « produit », le lecteur décèle, tour à tour, un beau travail de création au niveau de la langue, les affres d'un amour qui donne plus qu'il ne prend, sans pathos. Ce, dans une absence de « titrage » des strophes jetées en vrac sur la page blanche, ce qui enlèverait les effets de surprise de l'ensemble du texte. Cette porte est ouverte et point fermée. Et, il y a cette solitude qui vous arrive en coup de poing ou en bolée de fraîcheur. Celle du poète qui, du bout de sa plume, fait surgir un univers à la fois intimiste et minimaliste. Pour se construire, en allant vers l'autre, pas en le traversant, de loin en loin.Makenzy Orcel s'arme de totems, d'images hors du commun qui, pourtant, s'inscrivent dans une certaine mémoire poétique pour croiser le fer avec ses démons. Et, « par la névrose de la parure... » (p.9), il s'offre l'insolite, l'ailleurs : « la mer m'invite/ à ses voyages bleus/ en criblant d'étoiles/ les lèvres de Line» (p.9), puisque « Ce n'est pas la faute à personne/ si nos rêves sont plus courts/ que nos bras ». (p.31)Dans les écrits de Makenzy Orcel, né à Port-au-Prince en 1982, les figures de style se raréfient, sinon n'y ont guère leur place. Pour le dépouillement, pour le silence inintelligible du texte, peut-être. Ou simplement parce que, dans un corps à corps aussi sanglant et irréfléchi, le poète ne songe pas aux chichis du langage, ne fait pas dans ce qui dégouline de sentiments bons et pieux. Ou encore parce que, aussi, il s'agit de « partouze et jazz/ ivre beauté/ dont les couleurs saignent/jusque dans leur inaccessibilité ». (p.14) Ici, la bien-aimée en question, dirait-on, est toutes les femmes, une femme générale, tentaculaire sur le papier du poète qui s'émiette dans le même mouvement. Par repli sur soi, dans une urgence de trêve, la sienne et celle d'un verbe sec et nu. Là, le surréel, arbitraire, se met en marche pour montrer que « ..., toutes les fenêtres/en cours de route/sont des yeux de femme... » (p.20). Car, de toute façon, « la déchéance s'écrit/ comme une caresse posthume/un sexe/ pour déprendre le réel » (p.27)Insulaire, le poète ne va pas chercher loin, reste entre terre et eau, dans une ville où, évoquant le célèbre artiste-peintre Tiga, il dit qu' « il y aura toujours un dernier soleil/dans la futaie des graffitis » (p.58). Ainsi, il n'utilise rien que des mots qui vivent dans les rues « défenestrées » et dans la mer où « tous les énigmes allument leur coquillage » (p.13), et « partout où la chute/ asperge le chant/la soif aspire le naufrage » (p.15). Un phrasé fractionné, tombé, ramassé, « nos pas dans/ nos bras » (p.31). Une facture poétique qui tient de l'onirisme, du grand large, et qui met en écho les délires de l'homme annulé. Une esthétique du bleu (de la mer) et du rouge (du sang).
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« La douleur de l'étreinte », Makenzy Orcel, 58 pages, Imprimerie Henri Deschamps
Marvin Victor
(source le nouvelliste, edition en ligne du 21 juillet)

texto/ la poésie des ex-îlés


Réminiscences


Je fais la bise
Aux temps des vertiges
Bleus
Aux temps des mythes
Colorés
D’arcs-en-ciel
Et de teintures
D’ombres
Je fais la grimace
Aux temps fugaces
Qui entreposent
Dans la profondeur
De nos âmes
Les débris
De nos rêves
Avortés
Je fais des yeux doux
À ces temps Lointains
Où des couples
D’étoiles myopes

et éclopées
Me conjuraient d’assister

À leurs noces d’exil


Roosevelt Boncoeur
TOUS DROITS RESERVES (JUILLET 2008)



Lanmou marel



Lanmou'm pou ou se tankou
jwèt mare'l
Se pou'm di'w byen cheri
Delikates jwet mare'l sa
Pa lot bagay ke------------
Piye
Sote
Ponpe
Voye
Mwen piye sou 1-----------
Mwen sote'l pou'm tonbe sou 2
Pwent pye'm ak talon pye'm
Se prensipal zouti pou'm jwe
Men'm se pou'm voye pyon
Jiskaske ke'm rive nan tèt syel ou.

Guana Darbouze

TOUS DROITS RESERVES (JUILLET 2008)


la poésie des ex-îlés au pluriel dans cet espace. Si vous correspondez à ce descriptif, envoyez-nous vos textes par e-mail à l’adresse suivante : rooseveltboncoeur@yahoo.com et nous nous ferions un plaisir de les publier en ligne. Au plaisir de vous lire.

Rubrique/j'ai lu


Ce « petit » livre de 120 pages dont l’écriture vacille entre poésie et narration m’a vraiment charmé…
J’imagine que tous ceux qui ont eu la chance de parcourir ce petit bijou en sont sortis aussi épaté que moi. Et pour ceux-là qui n’ont pas encore lu « le testament des solitudes, je vous encourage à le faire au plus vite » en attendant, laissez moi vous faire un résumé de ma propre lecture. Mais, comment vous résumer « Le testament des solitudes » ?
…Parole de femme pour qui l’espoir et le bonheur sont des terres inhabitées. Voila ! C’est ça. Bien entendu, j’ai pensé à mille autres tours de phrases pour éviter de parodier l’éditeur d’Emmelie (en l’occurrence Rodney Saint Éloi de Mémoire d’encrier) cependant, l’humble lecteur que je suis s’est résigné à emprunter les termes de monsieur Saint Éloi, pour vous dresser une vue d’ensemble de cet petit chef-œuvre d’Emmelie Prophète.
Dans ce livre (où j’ai eu d’ailleurs du mal à délimiter les frontières entre les caractéristiques narratives du texte des lignes poétiques, tant elles sont si proches), la souffrance, la solitude, l’errance sont le lot commun de trois femmes. Trois âmes (liées), perdues dans des terres inconnues, parties sans mots d’amour usuels, sans avoir sauvé aucune apparence. Comme l’écrit l’auteure elle-même.

Durant ma lecture, j’ai changé d’opinion en plusieurs occasions, considérant le texte comme un long poème(en prose), me ravisant presque à brûle-pourpoint en trouvant à l’œuvre toute la trame d’un texte narratif.
Bref ! Tout bien considéré, « Le testament des solitudes » est un vrai travail de pro réussi par Emmelie Prophète. Une de plus à prouver que la valeur (d’un créateur) n’attend point le nombre des années.
Un livre que tout lecteur avisé doit absolument posséder dans sa bibliothèque.

Chapeau ! Mrs Prophète…

l'édito

Sak pase ?...
Quoi de neuf ? (En français) Whats up ? (En anglais)


Il y a des gens qui passent beaucoup de temps à s’ennuyer. Leur travail les ennuie. Leur vie privée les ennuie. Les films à la télé les ennuient. Les informations. Les livres. Les blagues les plus folles. Les belles surprises. Même les gens les ennuient. Bref, tout les ennuie. Alors, ils passent leur temps à se plaindre, à se lamenter sur leur sort. À traîner leur mal-être d’un point à un autre. Pour eux, bouger c’est faire bouger les choses. Erreur !... disons nous. Bouger ne veut pas nécéssairement dire faire avancer les choses.
Notre propos est plus que juste. Il existe partout dans le monde et particulièrement dans les « states » des gens qui tournent en rond, qui tournent à vide sans faire bouger quoi que ce soit. Des champions de
L’adaptation, trop fidèles à la monotonie d’une vie qui n’est autre qu’un commerce de peau : $ 8,50 pour certain, 9 pour d’autre. Et voila c’est ça la vie pour ces gens-là. C’est dramatique. Je me fais peut-être des illusions mais, franchement pour moi la vie (d’un ex-îlés) ne peut pas être que ça. Et je sais que tous mes collaborateurs partagent mon avis. Et vous aussi très chers lecteurs avides de nouveautés, tellement remplis d’inspirations et de projets et pleins d’énergie pour les faire avancer.
Pour nous, la vraie vie c’est une vie ou l’on s’enthousiasme pour des choses. Pour des projets. Au point d’y mettre de l’énergie pour les réaliser même quand certains piétinent, même si des fois il faut tout éffacer pour recommencer. La vie c’est de se laisser porter par le souffle de cette force géniale qu’est la passion. Et si ce n’est pas ça, qu’on me prouve le contraire !...
Roosevelt Boncoeur