Saturday, September 20, 2008

l'édito



Encore un édito de plus. Encore le même plaisir, à chaque fois qu’il faut dire nos rêves, nos désirs, nos manquements et nos espérances. La littérature, la musique, la sculpture… l’art en général n’est que l’expression des plus profondes sensations qui bouillonnent en nous. À ce propos, nous voulons profiter de cette occasion pour exprimer nos sympathies aux familles des victimes des quatre cyclones qui ont ravagés Haïti.
Une pensée spéciale à ceux d’ici ou de là-bas qui ont perdu un proche. Allez ! courage…
Autant qu’il y aura la vie, autant qu’on en aura besoin de ces mots-là et de bien d’autres encore.

Roosevelt Boncoeur


dans l'actualité

« Absolument Livre » pour susciter l'intérêt de lire!«Absolument Livre», une émission littéraire, visant à initier de nouveaux lecteurs, sera bientôt diffusée sur la Télévision nationale d'Haïti. Cette initiative de la Direction nationale du livre (DNL) s'inscrit dans le cadre de leur politique de sensibilisation en vue de s'organiser de manière à inscrire le livre dans le vécu des jeunes, en créant des espaces médiatiques consacrés essentiellement à des débats sur les livres haïtiens. Une activité d'exploitation qui s'avère une ressource incontournable à l'épanouissement de la jeunesse.


Cette émission bihebdomadaire, qui sera animée par Pierre Richard Jean-Pierre, professeur en philosophie et Fortetson Lokandya Fénélon, communicologue/poète, relève d'un projet de la Direction nationale du livre (DNL) de concert avec la Télévision nationale d'Haïti et le ministère de la Culture et de la Communication, pour offrir aux jeunes l'opportunité de découvrir certains auteurs haïtiens et des programmes littéraires devant les aider à l'initiation de la lecture personnalisée. «Absolument livre», un procédé pour encourager les téléspectateurs à lire davantage, bien que la lecture demeure un loisir éducatif important, cela n'empêche qu'elle soit en compétition avec plusieurs d'autres véritablement moins exigeants. Le projet «Absolument livre» initié par le service de la Direction nationale du livre est un outil intéressant. Parce qu'il faut encourager la lecture et assurer la promotion des oeuvres littéraires par des actions diverses et multiformes. Evidemment une émission bi-hebdo ne peut pas tout résoudre. Mais c'est un début. Il importe que des acteurs du secteur littéraires soient engagés et se tenir les coudes, afin de jouer le rôle qui leur incombe.Une émission suffisamment riche, selon le projet, c'est une occasion de familiariser la communauté haïtienne avec le livre, d'augmenter le nombre de lecteurs au sein de la population et d'habituer les gens à l'existence de la DNL et de sa mission. Vu qu'il est indispensable de communiquer aux autres le travail de certains auteurs haïtiens et de promouvoir la publication de leurs oeuvres. Comment encourager la lecture en pareil contexte ? Comment éviter les abandons ? Pour l'émission « Absolument livre », la réponse est simple: démystifier le milieu littéraire dans le but de soutenir la persévérance de lire, tout en offrant différentes alternatives de lecture à travers l'émission qui se propose de valoriser notre littérature.Diverses actions et communications seront menées par la DNL auprès des jeunes pour faire la promotion des livres. Une collaboration a déjà été entreprise en ce sens au début de l'année avec «Radio Vision 2000, dans Cercle du livre». Il y aura aussi des rencontres avec des personnes-ressources (auteurs-lecteurs), d'où l'importance de l'émission « Absolument livre », qui débutera dans les prochains jours, dont les principaux objectifs sont de sensibiliser massivement la grande population à l'importance du livre et rendre hommage aux auteurs et aux consciencieux du secteur.
Angie Marie Beeline Joseph

par écrit

La chasse à l’éditeur ou les hasards de l’édition
Kettly Mars, écrivain

Le thème proposé par la SGDL, «Le choix d’un éditeur» m’a fait sourire. Dans ma tête, la notion de choix implique opportunités, options, disponibilités. Dans mon expérience – et je peux parler au nom de la majorité des écrivains haïtiens vivant en Haïti –, le thème serait de loin plus réaliste s’il s’intitulait plutôt «La chasse à l’éditeur» ou encore «Les hasards de l’édition».
Je vais illustrer mon propos par une anecdote racontée par mon collègue et ami l’écrivain Gary Victor, originaire de Port-au-Prince comme moi. Gary fait le métier d’écriture depuis bien plus longtemps que moi mais notre parcours est à peu près similaire et nous sommes édités actuellement par la même maison. Il y a quelques années, en Guyane où il participait à une rencontre littéraire, une petite fille de 8ans s’ennuyait dans la salle, et lui aussi probablement. Ils ont lié connaissance, Gary lui a sûrement raconté l’une de ces merveilleuses et effrayantes histoires pour enfants dont il a le secret. Tout heureuse de sa nouvelle connaissance, la petite fille lui a pris la main pour le présenter à sa mère. Et sa mère était… l’éditrice. C’est ainsi qu’a débuté leur collaboration qui porte des fruits. Je constate de plus en plus, surtout après ce séjour en France que, malheureusement, talent mis à part, être édité c’est surtout avoir des relations, entretenir des connaissances, donner dans la débrouillardise. Et pour ceux qui n’ont pas ce tempérament ou des antennes opportunistes, les chances sont minces de «sortir». Une difficile et frustrante réalité.
Il me semble aussi qu’on n’est pas reconnu écrivain, que l’on n’existe pas tant qu’on n’est pas édité dans certains milieux ou dans certaines métropoles françaises. J’apprécie l’opportunité de participer à ce festival francophone où vraiment je m’enrichis de tous ces contacts, de toutes ces rencontres, des expériences partagées. L’un des critères de sélection des écrivains invités était d’avoir été publié en France. Je regrette ces contraintes qui entravent l’élan d’un écrivain. Si je n’avais pas eu la chance (le privilège ?) d’être éditée en France j’aurais raté cette opportunité et ce serait vraiment dommage pour mon pays, car à travers moi c’est la culture, l’histoire, la voix de mon pays qui sont portées en avant. J’ai une occasion précieuse de faire voir autre chose, d’apprendre aux autres des aspects de ma réalité bien différents que les images souvent négatives qu’ils reçoivent des médias.
J’ai publié cinq ouvrages en Haïti à compte d’auteur. Pourquoi ? D’abord, il n’y a que deux ou trois maisons d’édition en Haïti. En fait de maisons d’éditions, ce ne sont surtout que de grandes imprimeries spécialisées dans la publication des livres scolaires. Il arrive parfois qu’elles éditent un ouvrage de fiction, mais c’est sur recommandation, ou pour s’aménager un retour d’ascenseur. Même dans ces cas, il n’y a pas de travail éditorial qui est fait. L’auteur doit vraiment présenter un manuscrit prêt à aller sous presse. Il décide de sa couverture, du format du livre, de ses couleurs, de sa police d’impression. C’est un travail qui est fait de A à Z par l’auteur qui, faute de moyens, s’improvise graphiste et très souvent doit avancer la majeure partie des frais de publication ! Voilà à quoi se résume l’édition en Haïti. 98 %, des écrivains s’auto-éditent.

J’ai fait cette expérience une première fois en me disant que je chercherais ailleurs entre-temps. Je me suis évertuée à trouver des adresses, des informations sur Internet pour expédier des manuscrits en France. Les frais postaux considérables. L’attente. Rien. C’est encore Gary Victor qui a glissé mon nom à son éditeur parce qu’il apprécie mon travail et voulait que je profite de cette diffusion que nous recherchons tous vers les pays francophones. Cet éditeur a eu le mérite de se déplacer en Haïti, de venir à la rencontre du lectorat haïtien, accompagné de son auteur qui sortait un nouveau titre. C’est à cette occasion que je l’ai rencontré, que je lui ai donné un manuscrit et ça a marché tout de suite.
Actuellement, en Haïti, nous sommes environ une dizaine d’écrivains édités à l’étranger, et particulièrement en France, et parmi ces huit écrivains, nous sommes trois femmes. On a tendance à considérer avec envie ceux qui ont franchi cette barrière, comme des rescapés, des privilégiés. Nous avons pu grimper le mât suiffé, c’est un exploit, une prouesse qui tourne la tête à certains et qui les rend désagréables, parce qu’ils perdent la mesure des choses, oubliant finalement l’objectif principal qui est la poursuite de la beauté, l’amitié, la chaleur et tout ce qui passe à travers l’écriture.
L’expérience de Samuel Millogo répond à un besoin. Beaucoup d’auteurs publient à perte mais ils le font quand même parce qu’ils ont besoin du nom d’une maison d’édition dans leur CV, pour leur donner accès à d’autres tremplins, à d’autres étapes. Mon expérience avec un éditeur, la première, est positive. Plus qu’une relation commerciale avec un éditeur, je désire surtout avoir une relation humaine, car je lui confie quelque chose de très précieux, et ça me rassure de voir que cette personne valorise cet objet précieux. Elle veut me connaître, comprendre mes motivations pour créer et pouvoir me conseiller aussi. Et puis il y a tous les aspects techniques et de promotion qui sont pris en charge et soulagent l’écrivain d’un poids très lourd.
Pour ce qui est des «collections» chez certains éditeurs, au prime abord cette idée me dérange. Je dois le dire honnêtement. Mais en voyant le travail d’un éditeur comme Bernard Magnier chez Actes Sud, par exemple, j’y suis moins hostile. Je comprends cet aspect de canalisation qui devrait me faciliter, par exemple, la découverte d’auteurs africains éparpillés dans des langues et régions de ce continent immense. Mais, a priori, réflexe d’ancien colonisé, je vois ça comme une sorte de négrier culturel. On est tous sur le même bateau, les anciens esclaves, enchaînés par cette langue française (spontanée ou traduite), héritage qui nous délivre et nous maintient en même temps dans une mémoire indélébile. Mais c’est nos problèmes, ce n’est peut-être pas votre intention, mais c’est comme ça qu’on le perçoit, qu’on le reçoit.

L’écrivain dans l’espace francophone
Forum organisé par la Société des Gens de Lettres
les lundi 27 et mardi 28 mars 2006 à l'Hôtel de Massa.
LES DOSSIERS DE LA SOCIÉTÉ DES GENS DE LETTRES – L’écrivain dans l’espace francophone


il a écrit

Souvent, il arrive que le souvenir se transforme en rêve ou vice-versa, si bien qu’on ne sait plus très bien distinguer l’un de l’autre.

Stanley Péan
Le tumulte de mon sang/ page 31, les éditions la courte échelle, Montréal 2001

texto/ la poésie des ex-ilés



"Le temps menace la ville
d’un canon de rides

Tu m’écris que les arbres
étranglent les oiseaux
et que la mort fait mouche
sans jeu de mots
le bilinguisme entre les cuisses

Je ne sais plus si dehors
ma passion atterrit en catastrophe
ou si…
trois points suspensifs
La lumière s’est changée en cris
le vent blessé est introuvable

J’ai pris tous les risques
sans drapeau blanc
jusqu’à la cime des mots

Ville absolue dans l’éphémère
ville abrutie dans le mal vivre du poème
ville pour l’anecdotique vie
sans importance
sans porte de secours

sans porte de sortie
vie portée à vue
par la mersous poids de barbelés.


"Georges Castera, Les cinq lettres, Natal, Port-au-Prince 1992.Georges Castera (fils) est né le 27 décembre 1936 à Port-au-Prince (Haïti).

Agenda

La poetesse Jeanie Bogart signe son premier recueil de poemes: "Un jour... tes pantoufles"
le Dimanche 5 octobre, 5heures pm
Au 1713 Ralph Ave Centre Communautaire Bérée (Salle Pavillon des Jeunes
angle Glenwood road/East 76 Brooklyn, NY (Bus6, 47)
Avec la participation de
John Steve Brunache et Jocelyne Dorismé
Le programme comportera également un récital de poèmes et une vente-signature
"Un Jour…Tes Pantoufle" une célébration de la femme par la poésie
Rien de mieux pour chasser les vagues à l’âme et enrober le coeur
Contacts
(718) 329-6822
(516) 352-1065
jeaniebogart@yahoo.com